Paul Biya en Europe: Un séjour privé redouté par ses ministres

Aucun d’entre eux n’a été sollicité pour le voyage. Même le directeur du cabinet civil n’y était pas. Une situation qui suscite beaucoup d'interrogations.

Après une semaine surchargée, le chef de l'Etat, Paul Biya se trouve en Europe pour un séjour privé. Ce n'est pas tant le voyage qui est un fait banal qui fait problème, mais davantage le fait qu'il ait écarté tous ses ministres y compris son directeur du cabinet civil Martin Belinga Eboutou, qui fait couler beaucoup d'encre et de salive. En même temps, il jette le doute dans l'esprit des ministres qui sont toujours sur le qui vive et analysent tous les moindres faits et gestes de leur patron comme des signes ou des mobiles avant coureurs d'un remaniement ministériel.

En fait, les collaborateurs de Paul Biya ont toujours redouté les voyages en solitaire de ce dernier. Pour eux, ces moments passés par le chef de l'Etat dans la stricte intimité familiale loin du triangle national sont souvent l'occasion pour lui de voir plus clair en ce qui concerne la marche du pays et partant, des nouvelles orientations à donner. A ce titre, il en ressort que d'importantes décisions comme le remaniement ministériel et d'autres textes importants en sont le fruit. Mais, moins d'un an après le dernier réaménagement ministériel, peut-on vraiment s'attendre à un évènement du genre aujourd'hui ? Il est vrai que personne ne peut répondre avec certitude à cette question. Mais toujours est-il que l'homme du 6 novembre est imprévisible. Une chose est sûre, il aurait de bonnes raisons pour cela. D'abord, dans les rangs de ses ministres figurent quelques «éperviables» dont il faut s'en débarrasser avant l'ouverture du procès qui met en cause Catherine Abena, ancien secrétaire d'Etat et quelques uns de ses collaborateurs déjà arrêtés dans le cadre de ce dossier.

L'autre raison est sans doute que nous nous acheminons forcement vers 2011 qui est l'année de l'élection présidentielle. Paul Biya doit forcement réfléchir sur son avenir. L'échéance qui approche au galop, il devrait se prononcer sur son éventuelle candidature ou pas. Cela passe aussi par un congrès du Rdpc qu'il faut préparer. Le locataire d'Etoudi peut aussi à l'occasion déjà désigner les ministres qui vont l'accompagner à l'échéance 2011. Pour ce faire, il faut se débarrasser des brebis galeuses dont le bilan politique ne vaut pas la peine.

DOMINIQUE NDOCKI de Cameroon-info.net